C’est ce week-end que sera donné le coup d’envoi de la 28e édition des 24 Heures de Zolder. Ou plus précisément, des Euphony 24 Hours of Zolder, comme s’appelle officiellement cette édition 2006. Une manche placée sous le signe de la qualité.

La Corvette GLPK est la favorite auprès des bookmakers. Logique : le team d’Hasselt a déjà sévi à quatre reprises, sur autant de manches ! Son quatuor Kumpen-Longin-Hezemans-Mollekens a d’ailleurs décroché un podium aux 24 Heures de Francorchamps, voici quelques semaines.
GLPK a remporté trois éditions consécutives des Euphony 24 Heures de Zolder, mais a échoué l’an passé à en inscrire une quatrième à son compte. En cause une concurrence féroce, avec la Corvette de SRT, deux Porsche PSI, la Viper de Kuismanen et quelques outsiders comme les Porsche bi-turbo de AD-Sport et RS-Racing, ou encore la Marcos de Eurotech.
Il a suffi l’an dernier que Bert Longin, après quatre heures de course, ne puisse éviter un concurrent plus lent pour qu’il soit violemment catapulté dans le mur, mettant ainsi un terme aux espoirs de victoire. Une victoire que s’arrogea SRT, réalisant de ce fait un pas décisif vers le titre final. Ce même SRT est aujourd’hui le concurrent le plus sérieux de GLPK. David Hart ne sera cette fois pas assisté par les frères Bleekemolen, mais bien par le trio Duez-Soulet-Cloet.
Anthony Kumpen, GLPK : "Il est clair que j’aspire à battre le record de quatre victoires, que je partage pour l’instant avec Vincent Dupont. Je pense que dans ce cas, j’aurais pratiquement inscrit tous les records Belcar à mon nom. Mais en fait, ce n’est pas l’essentiel. Je veux remporter cette manche avec Bert, Mike, Kurt et le reste du team. La pole nous intéresse moins. Nous n’allons pas faire les fous, le moteur doit tenir le coup pendant deux tours d’horloge. Et si au fil des heures, nous devons relever le tempo, il doit tenir la distance. Un moteur qui sortirait épuisé des essais pourrait causer beaucoup de soucis. Nous l’avons vécu à nos dépens à Francorchamps. Il a rendu l’âme juste en fin de course. Je pense que si nous avions forcé davantage lors des qualifs, la probabilité de franchir la ligne d’arrivée aurait été nulle. Déjà comme ça, nous avons terminé troisièmes avec un propulseur en voie de décomposition...
La victoire est, à nos yeux, la chose la plus importante. C’est pourquoi nous n’espérons pas ramasser la totalité des points après 6 et 12 heures. Et puis, pas question non plus de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. N’oubliez pas que notre réservoir peut contenir 20 l de moins que l’an passé. Pour notre Corvette, toujours assoiffée, cela se traduira par quelques ravitaillements supplémentaires. Avec le système de remplissage rapide, ce ne devrait pas être un gros problème, mais chaque minute passée à la pompe doit être récupérée sur la piste. Vous savez, remporter chacune des manches Belcar n’est pas notre but premier, mais les Euphony 24 Heures de Zolder, c’est une épreuve vraiment particulière. Et celle-là, nous voulons absolument la mettre à notre actif".

Bien que GLPK ait remporté les quatre premières manches de la saison, toujours suivi par SRT - qui endosse petit à petit l’image du Poulidor du tarmac -, le résultat du double tour d’horloge limbourgeois pourrait chambouler le classement. En effet, la Corvette C5-R de GLPK compte actuellement 24 longueurs d’avance sur celle, identique, de SRT. Mais on distribuera cette fois 80 points et non 40, répartis en trois tranches. Cela montre que Kumpen & co ne sont pas encore dans un fauteuil.

Car tout comme les éditions précédentes, 20 points sont distribués après deux sprints intermédiaires de 6 heures chacun, le solde de 40 points étant octroyé au passage sous le drapeau à damier.

Personne ne doute que le team GLPK fera bloc, comme un seul homme, pour offrir à Anthony Kumpen sa cinquième victoire en Belcar, ce qui lui donnerait un nouveau record absolu. Mais quels que soient la qualité et le niveau d’entraînement des pilotes et de leurs machines, il vaut mieux que Dame Fortune reste de votre côté. Longin peut en parler par expérience. Pour une fusée comme lui, l’anneau de Zolder est encombré de "fers à repasser" ou de "machines de guerre" entre lesquelles il faut louvoyer. Une seule manoeuvre mal estimée d’un concurrent peut se révéler fatale. Une bonne stratégie, sur piste et en dehors, est donc d’une importance capitale.

Cette année, les rivaux des deux Corvette de GLPK et de SRT semblent avoir perdu de leur mordant. Eurotech, considéré comme le seul concurrent sérieux, a vu ses marges de manoeuvre réduites par l’application stricte des règlements techniques. Le grand aileron arrière, qui aurait permis au team de Wim Noorman de rivaliser avec les Corvette, a été refusé par la Commission Technique. Conséquence : si les deux Corvette font ce qu’on attend d’elles, c’est-à-dire tourner en tête, la Marcos LM600 de l’écurie Eurotech, encore considérée voici quelques années comme l’une des plus grandes favorites, devra limiter ses ambitions à la troisième marche du podium. Son duo de pilotes habituels, Goossens/Van Dongen, sera pour l’occasion renforcé par Mister Marcos en personne, Cor Euser. Lors de la joute précédente, le Belcar Mid Summer Race, le public a pu voir la Marcos en lutte avec la Stealth et la Viper AD-Sport des frères Wauters. À signaler que la Stealth restera pour cette fois à l’écurie, tout comme la Viper de AD-Sport, troquée pour une Porsche bi-turbo dont l’équipage sera Wauters-Wauters-Vanierschot-Scheurs.
Albert Vanierschot : "C’est dommage pour les adeptes de la Viper, mais ils ne la verront pas aux 24 heures. Nous avons pris le parti de la Porsche bi-turbo, une voiture que nous connaissons très bien et sur laquelle nous pouvons tous intervenir en cas de problèmes techniques. Ce n’est pas le cas pour la Viper, sur laquelle nous n’avons pas assez d’expérience. Et puis, le bruit produit dans le cockpit est assourdissant. Pour nos deux chanteurs Koen et Kris (du groupe flamand Clouseau, ndlr), la Porsche est donc un choix plus supportable. L’oreille est leur instrument de travail, leur gagne-pain. Kris a déjà souffert de bourdonnements après une course sur la Viper, nous ne voulons plus prendre de risques. Mais il n’est pas dit que ce reptile américain ne reprendra pas du service pour le reste de la saison..."
AD-Sport lancera encore quelques autres Porsche dans la bagarre. Steegmans-Steegmans seront accompagnés par Anton Gonnissen et Frank Vancraeynest sur la Porsche équipée de la fameuse prise d’air sur le toit. Le modèle orange 993, ex-championne en Zolder Touring Cup et que l’on appelle voiture des pompiers, sera confié à Kevin Leest, Erik Bruynoghe, Vic Herman et Stéphane Lémeret.

Les Porsche bi-turbo de JMT (Coekelbergs-Rob van Roey-Marshall), S&P Racing (Meulders-Grutman-Metior-Verdonck), Ham Car (Stielstra-Bertram-Backelandt-De Vries) et McDonald’s Racing Team (Bouillon-Kuus-Robinson-Van der Slik) complètent la Classe 1.

En Classe 2, les candidats sont nettement plus nombreux. Le duo Penders/Lamot (les champions en titre, renforcés pour l’occasion par Kurt Dujardyn et Karl Jacobs) accuse un retard face à la BMW V8 de GS Motorsport. Les deux écuries ont déjà perdu des points précieux, suite à des ennuis mécaniques (boîte de vitesse récalcitrante pour ProSpeed compétition au Belcar First Race ; incendie pour GS Motorsport au Belcar Mid Summer Race). Tous deux comptent à leur actif une victoire et une deuxième place, mais GS Motorsport mène actuellement avec 8 longueurs d’avance sur ProSpeed compétition. Bonne nouvelle pour GS: après avoir connu des problèmes de santé, Georges Severich est complètement rétabli. Un scanner cérébral a révélé un diagnostic nettement plus heureux que celui initialement craint. Il pourra donc récupérer son volant avec Mario Josten, Olivier Muytjens et Willie Moore.

Pour ProSpeed, la mission est double. D’abord défendre sa quatrième place au classement général, bien loin derrière les intouchables Corvette, mais à seulement 7 points de la BMW V8 de GS Motorsport. Mais la Marcos de Eurotech, à l’affût à 6 longueurs, est plus rapide que la Porsche. ProSpeed brigue donc la troisième place du classement général et la première en Classe 2, qu’elle veut ravir à la BMW V8. L’an dernier, Penders/Lamot (avec Kurt Dujardyn et Karl Jacobs) en furent quitte pour une seconde place aux 24 Heures de Zolder, conservant ainsi leurs chances pour le titre Belcar général. Par contre pour GS Motorsport, les problèmes de moteur furent récurrents. Que l’on se rassure, depuis que le team de Severich a changé de motoriste, le bloc 8 cylindres tourne comme une horloge suisse...

Rudi Penders : "Tout comme il y a 12 mois, nous troquons le moteur RSR pour un modèle GT3 Supercup. La perte en puissance est substantielle, mais le reste de la mécanique est épargné.
D’un autre côté, la consommation baisse d’environ 15%. Essentiel vu le temps passé aux ravitaillements. D’un point de vue purement financier, ce moteur de Cup se justifie aussi pleinement. L’exemplaire RSR doit être entièrement révisé après 24 heures de compétition. Et vous savez sans doute que nos budgets ne sont pas illimités. Comme nous ne pouvons de toute façon rien faire contre les deux ténors, nous avons tout intérêt à nous concentrer sur la Classe 2, en espérant, en prime, réaliser un très bon résultat au classement général. Notre boîte de vitesses séquentielle a également dû céder sa place à un modèle en H. Mais dans l’ensemble, et malgré la baisse de puissance, notre voiture sera en meilleure condition au départ, vu nos freins, pneumatiques et masse. Je sais pertinemment que nous ne sommes pas dans une situation privilégiée, contrairement à l’an dernier. Nous n’allons donc pas rester sur notre réserve : on va tenter de décrocher le plein pot après 6 et 12 h de course afin de réduire autant que possible l’écart qui nous sépare de GS Motorsport. Mais je suis conscient que des outsiders attendent leur chance. Je songe plus particulièrement à la Mosler, qui pourrait jouer le rôle d’arbitre. Guino Kenis a fourni de gros efforts et la Mosler est une voiture rapide. Je pense qu’ils feront de bons résultats. Mais qu’ils ne comptent pas sur nous pour un quelconque cadeau..."
Parlons justement de G&A. La Mosler a parfaitement réussi son rodage en réalisant d’excellents chronos. Le team peaufine les réglages mais d’après Guino Kenis, tout rentre dans l’ordre. D’autres voitures de la Classe 2 sont susceptibles de briller - et de barrer la route de GS Motorsport et ProSpeed compétition. Nous songeons plus particulièrement aux Porsche RSR de PSI avec Bouvy-Menten-Belloc-Verbergt et CEO Racing de Van Rossem-Maes-De Laet-Vollebergh, mais également à la Porsche RS des frères Thiers associés à Guy van Mol, la Dodge Viper des frangins Grouwels et les BMW Silhouet de KS Motorsport.

Surtout la voiture de Steve Van Bellingen, qui a clôturé la précédente édition des Euphony 24 Heures de Zolder au troisième rang du général. La Classe 2 sera indiscutablement passionnante à suivre.

En Classe 3 aussi, la lutte s’annonce serrée. Autant que les écarts entre les prétendants, au point qu’il soit difficile, à la veille des 24 heures, de désigner un grand favori à la victoire. Le quatuor Derdaele-Empsen-Verhoeven-De Wit sur l’Ultima de Belgium Racing sera-t-il en mesure de réitérer son exploit de l’an passé, à savoir une quatrième place au général et une deuxième en GTB, derrière l’intouchable Porsche de ProSpeed? Comme Penders et ses comparses roulent aujourd’hui en Classe 2, ils ne représentent plus de concurrence pour l’Ultima. Les Euphony 24 Heures de Zolder 2005 avaient marqué le début d’une nouvelle ère pour Belgium Racing, dont l’Ultima était devenue très fiable. Une tendance poursuivie cette année, avec deux victoires et le privilège d’aborder cette course d’endurance en tête de Classe. Les deux succès ayant été inscrits à Zolder, on peut penser que l’asphalte limbourgeois convient bien à l’Ultima et à ses pilotes. Mais la concurrence, impatiente de reprendre les commandes, est à l’affût. Il y a 40 points à glaner par Classe. L’Ultima n’en compte pour l’instant que cinq de plus sur la Porsche GT3 Supercup de First Motorsport, avec à la barre Haane-Meert-Van Delm-Werckx. Jo Jamers, le patron de First, prétend que le double tour d’horloge sera décisif pour le championnat. Il pourrait avoir raison. Car la concurrence est impitoyable et beaucoup de teams et de voitures pourraient créer la surprise en empochant un joli paquet de points. Les deux Porsche de l’écurie Speedlover, avec celle BonGou de Van Hover-Mathot-Verhoeven et la Porsche Flandria Rent de Mattheus-Boden, suivent à respectivement 17 et 20 points des leaders. La paire Mattheus/Boden, assistée par Van der Zwaan, a fait vraiment très forte impression cette saison, en témoignent une victoire et une deuxième place à ce jour, mais a été "lynchée" à deux reprises par la malchance.
Grâce à sa victoire lors de la dernière rencontre sur l’EuroSpeedway de Lausitz, le duo Maton-Van Campenhout est passé à la cinquième place de la Classe, à 20 longueurs de l’Ultima mais avec 2 points d’avance sur la deuxième voiture de First Motorsport, pilotée par Van Rompuy-Jamers-Frank Beliën-Van Gorp. Les Porsche de GS Motorsport, confiées à Steinberg-Neyens-Loix-Lambert et Van Loo-Thomas-Decoster-Broodcoren, ne sont pas sans prétention.
Reste LA grande inconnue : quelles seront les performances des voitures de tourisme. Les BMW de MSE, avec Beckers-Jef et Bart Van Samang-Raes, et celle de Joosen-Vroman-Pampel-Geerinckx, pourraient bien causer la grande surprise, grâce à leur consommation de carburant nettement plus faible.

Mais dans ce domaine, c’est la BMW 120d de Daikin Racing et de Van de Velde-Grifnée qui l’emporte haut la main. Par des relais bien plus longs et l’absence de files d’attente à la pompe Diesel… A voir.

Bien que la liste des inscriptions soit pratiquement clôturée, des changements de dernière minute dans la participation des pilotes ou des teams restent encore possibles - cela se vérifie tous les ans.

Une donnée essentielle qui en ravira certains concerne le lest pénalisant, imposé aux meilleures voitures en fonction des résultats des manches précédentes. Il pourra cette fois être laissé à l’écurie - comme c’est aussi le cas en course d’endurance FIA-GT. Hormis les deux Corvette, qui doivent afficher au minimum 1180 kilos, les autres voitures pourront donc revenir à leur masse de base. La configuration sera cependant toute autre à l’issue de la course : le lest imposé pour la prochaine manche tiendra en effet compte des résultats déjà obtenus, y compris ceux de l’EuroSpeedway et des Euphony 24 Heures de Zolder.

La tradition veut que la course d’endurance limbourgeoise accueille plusieurs voitures invitées. Elles ne peuvent évidemment prétendre aux points, mais ont droit à un podium distinct. Au moment de coucher ces lignes sur papier, on recensait cinq inscriptions. La famille Dumarey a loué chez Pino la Porsche 997 Supercup, et S Racing engage la Seat Leon Cupra pour Sluys-Vanzeebroeck-Heyman-Van de Broek. On annonce également la présence de JMT Racing avec la BMW de Pascal Notermans et Bernard Binet, une troisième Porsche Speedlover pour la paire BEC Tavernier-Kersten et AD Sport avec le quatuor expérimenté Bruynoghe-Leest-Herman-Lémeret.

Pour la première fois dans l’histoire du Belcar, des images onboard live seront transmises durant les émissions en direct sur la chaîne flamande KanaalTwee. On pourra donc suivre les 24 Heures depuis son salon. Mais les voir à l’œuvre de près est une meilleure idée encore… tout en programmant le magnétoscope à la maison.

Retransmissions le samedi de 16h25 à 18h00, dimanche de 11h13 à 12h13 et de 16h15 à 17h15.